mardi 1 mars 2005

Vous avez dit pénéqué* ?

Un bon narcoleptique qui se respecte se doit d'être toujours prêt... à faire la sieste. Et c'est tout une science, croyez-moi ! Savez-vous, par exemple, qu'il existe (en Espagne, je crois) une société de service qui fournit aux entreprises des siestes clefs-en-main ?! Ils débarquent avec tout l'attirail nécessaire : lit, fauteuils, musique d'ambiance, le personnel pour vous réveiller en douceur, etc. Voilà des gens qui savent vivre, moi je dis ! Je devrais bosser pour eux comme consultant technique, ou mieux, comme démonstrateur.

En tout cas, une chose est sûre c'est qu'une bonne sieste, dans de bonne conditions, ça se prépare. Et c'est tout un art, surtout quand le temps dont on dispose pour arranger l'environement avant de s'effondrer est, disons, limité. Donc il faut prévoir un kit, un sorte de nécessaire de survie du parfait narcoleptique. Et comme on ne peut pas vraiment se trimbaler à gauche et à droite avec son baluchon, il faut placer certains de ces kits à des endroits stratégiques, comme la maison évidement, le bureau, et la voiture, afin d'avoir toujours ce qu'il faut nécessaire sous la main.

A la maison, normalement à peu prêt tout le monde est naturellement équipé, quoique en tant qu'expert en la matière, je peux vous assurer, au cas fort improbable où vous ne le saviez pas déjà, que tous les canapés ne sont pas égaux devant la qualité de la sieste. Ni tous les fauteuils, d'ailleurs, loin de là. Vous vous demandez pourquoi pas simplement utiliser le lit ? Parce qu'il ne faut pas non plus pousser au vice ! Une bonne sieste, est une sieste qui ne dure pas plus de.... disons 20 mn, peut-être maximum 30 mn pour certains, mais pas au-delà. Passé cette limite, c'est comme commencer sa nuit, et c'est un véritable enfer pour se réveiller. Alors qu'après 20 mn le réveil se fait en général sans trop de problèmes. Et pourquoi pas le lit, donc ? Parce que c'est beaucoup plus dur de se lever, et donc le risque est énorme de se réveiller seulement après 1, voire 2 heures chez Morphée... C'est pour ça qu'en général je fais la sieste assis, ou semi-allongé, mais rarement couché --ou alors c'est que je sais réellement à quoi je m'expose, et dès le départ je n'ai pas du tout l'intention de me réveiller au bout de 20 mn ! Pour en revenir au kit "maison", j'ai découvert récement un fauteuil qui est un véritable appel au crime : une demi-sphère qui repose sur un socle, le tout en métal ou en rotin, avec un bon coussin moelleux qui épouse la forme de l'intérieur de la sphère. Vous voyez ce que je veux dire ? Un vrai régal. C'est presque trop, d'ailleurs. Une fois que vous êtes avachi là-dedans vous êtes tellement bien calé que c'est un vrai calvaire de s'en extirper. Ca, donc, ce serait pour le kit "maison".

Pour le kit "voiture", il faut prévoir un ou deux accessoires supplémentaires, notament parce qu'on ne sait pas trop où, ni quand ni comment on sera amené à l'utiliser. En ce qui me concerne, j'ai toujours dans ma voiture un pull-over et une couverture, parce que non seulement dormir ça refroidit --mais si, mais si ; on a même la température de notre corps qui chute légérement : vous n'avez jamais froid, vous, au réveil ?--, mais également parce que dans une voiture à l'arrêt le chauffage ne marche pas... Et puis on ne sait jamais à quelle heure du jour ou de la nuit, ni par quel type de météo ce genre de petit besoin irrésistible peut survenir. Ensuite il faut surtout l'inévitable réveil : heureusement, par les temps qui courent le téléphone portable fait très bien l'affaire.

Pour ce qui est du kit "bureau", c'est une toute autre affaire. Heureusement pour moi, j'ai la liberté et l'espace suffisants pour me permettre d'avoir une de ces poires, remplies de billes de polystirène, vous voyez ? En anglais, on appelle ça un "bean bag", un "sac haricot". Alors ça, je sais pas si vous avez déjà essayé, mais c'est le nec plus ultra. En fait, c'est même trop confortable pour toutes les raisons dont j'ai déjà parlé. Résultat, je ne m'en sers finalement que rarement, vu qu'à chaque fois c'est au moins une histoire d'une heure, une heure et demie, voire deux heures. Impossible d'émerger avant, même avec un réveil. L'effort que ça demande est trop important. Mais ceci dit, les jours vraiment terribles où de toute façon je passe le plus clair de mon temps à dormir, autant faire une bonne vieille sieste de derrière les fagôts. Et puis, eh ! Faut bien aussi que la narcolepsie ait quelques avantages : le jour où l'emploi du temps n'est pas vraiment chargé, après un pot du département, quelques verres et un bon repas par exemple, ça a quand même du bon de faire passer pour une narcose habituelle ce qui n'est en fait rien de plus qu'une irresistible envie de piquer du nez qui, en l'occurrence, n'a absolument rien avoir avec une séquence ADN mal agencée !

*Pénéqué : sieste, en provençal.