samedi 19 mars 2005

Sous Modiodal, j'ai les nerfs !

Je viens de lire, sur le site des enfants narcoleptiques, l'article d'une maman qui parle de son fils Rémi narcoleptique (lire l'article). Elle y raconte que sous Modiodal Rémi est constamment à cran, a envie de taper sur son petit copain de classe ou de se passer les nerfs sur le premier venu.
En lisant ça, j'ai une furieuse envie (non, je ne suis pas sous Modiodal moi-même en ce moment !) d'attraper par le col un certain Dr Machin, directeur de recherche aux Laboratoires Laffon --d'où sortent nos chers cachets de Modiodal--, de lui mettre le nez sur l'article et de lui dire :

"Alors ? Qu'est-ce que j'ai essayé de te dire, à plusieurs reprises, il y a de ça une dizaine d'années, quand je testais cette fameuse pillule qui s'appelait alors Modafinil --c'est le nom de la mollécule à la base du Modiodal ? Hein ?! Quand je te disais que ça me mettait dans un état de tension nerveuse difficile à supporter, et que tu refusais de croire que c'était lié à ton hyper-vitamine concentrée pour dormeur pathologique ! "

Mais non, Môssieur prenait un air surpris, et me répondait invariablement que jamais personne n'avait mentionné de tels effets secondaires. Eh ! Bien, messieurs les chercheurs, à vos paillasses et vos burettes, et ensuite à vos stylos, il y a de la publication dans l'air ! J'ai une grande nouvelle pour vous : nous sommes au moins deux à constater les mêmes effets ; ce qui j'imagine, sur le faible nombre de patients narcoleptiques qui prennent du Modiodal, représente un pourcentage non-négligeable.

Bref, ça ne règle pas le problème de notre cher Rémi. Y'a-t-il une solution pour contourner ce problème ? Pour tout dire, j'en sais fichtre rien, sur un plan purement médical. Mais sur un plan pratique, par contre, là je peux toujours raconter comment j'arrivais --oui, au passé, vu que je ne suis plus sous Modiodal à l'heure actuelle, mais pour des raisons complètement indépendantes--, tant bien que mal, à faire avec.

En fait, pour commencer, il faut dire que mon expérience montre très clairement qu'une période "d'assimilation", ou d'accoutumance mais pas au sens négatif du terme, au médicament est nécessaire non seulement pour établir quelle dose me convient et dans quelles circonstances, mais également pour que l'efficacité soit optimum. C'est vrai, ça prend du temps, et ça ne vient pas tout de suite. Mais je tiens à rassurer tout de suite : même après de longs mois de prise ininterrompue, j'ai toujours pu arrêter du jour au lendemain, sans aucun effet de manque. Donc je ne parle pas de ce genre d'accoutumance là.

En ce qui concerne l'état d'énervement, nous avions fini par établir, avec mon médecin, qu'il convenait de faire plusieurs choses pour améliorer ça :
  1. Etaler les prises. Il semblait clair, alors, que de prendre, par exemple, 2 voire 3 cachets d'un seul coup me tapait sur les nerfs inévitablement. Donc ma solution, c'était de séparer la prise de chacun d'eux d'une heure ou deux.
  2. N'en prendre de préférence que le matin, disons le dernier en début d'après-midi. Si on regarde les choses en face, arrivé en fin d'une bonne journée de boulot il n'y a pas que les narcoleptiques sous Modiodal qui ont parfois envie de prendre leur voisin de bureau à grands coups d'assomoir ! Donc pas la peine d'en rajouter une couche avec un excitant chimique.
  3. Interrompre temporairement le traitement en phase d'assimilation. Pas de doute qu'il y a des périodes où rien de ce qui précède n'y change quoi que ce soit, et où le simple fait d'avaler une pastille nous met sur des charbons ardents. Dans ces cas là, mieux vaut ne rien prendre du tout pendant un jour ou deux, et revenir ensuite aux doses habituelles. J'ai constaté qu'avec le temps ces fois-là où l'énervement est ingérable s'écartent de plus en plus, et finissent par s'estomper puis quasiment disparaître.
  4. Diminuer les doses. Il me semblait évident que j'était bien plus à cran que d'habitude le jour où, pour une raison x ou y, genre un examen ou une réunion importante, je prenais un ou deux cachets de plus que d'habitude, "pour être sûr". Ma dose normale oscille entre 3 et 4 par jour. Au delà, arrivé en fin de journée me taper sur le système revient à jouer avec une cocotte minute à bloc de pression... Faut pas jouer avec ces choses-là !-)
En gros, c'est essentiellement une histoire de trouver sa propre dose, son propre équilibre entre la prise qui met les nerfs à fleur de peau et celle, trop faible, qui ne change absolument rien aux endormissements.

Rémi, accroche-toi, en cherchant bien je suis sûr que tu vas trouver la solution qui te convient !