lundi 30 janvier 2006

Un cadre de rêve pour l'écriture automatique

Connaissez-vous l'écriture automatique ? En 1920, André Breton décrit, dans le Manifeste du surréalisme, cet exercice littéraire de la façon suivante :

“On vide son esprit,
On laisse jaillir les mots spontanément,
On laisse parler le langage, s’opérer une sorte de dictée de l’inconscient,
On transcrit strictement ce qui apparaît dans la conscience claire”.

En gros, il s'agit d'écrire de façon spontanée, en faisant abstraction de toute contrainte ; sans réfléchir au contenu. On ne choisit même pas les mots, qui s'articulent eux-même entre eux de façon automatique.

Bref. J'imagine que cet état semi-conscient dans lequel on est, nous autres narcoleptiques, au moment de s'endormir, est particulièrement propice à ce genre d'exercice. Pour tout dire je n'ai jamais essayé, mais je suis sûr qu'avec un peu d'exercice ça doit être possible.

En fait, je me souviens très bien lorsque j'étais sur les bancs de la fac, de séances de cours où je me forçais à rester éveillé et à continuer à écrire tant bien que mal. Le résultat était parfois surprenant, et tout à fait conforme à ce qu'André Breton tentait de travailler. En général, ça commençait par mon écriture qui se faisait moins précise, qui ne suivait plus les lignes. Puis petit à petit certains mots manquaient, les phrases n'étaient plus cohérentes, voire finalement plus lisibles du tout. Finalement on pouvait deviner que j'avais fini par succomber aux charmes de Morphée. Puis, de façon très claire et très distincte, le texte reprend mais complètement hors sujet : c'est comme ça que, de mémoire, je me retrouve à parler d'enfants au beau milieu d'un cours d'électronique--à cette époque j'étais très impliqué dans l'animation, l'éducation, notament à travers le scoutisme. Pas vraiment ce à quoi on s'attend au moment de relire ses notes !! Je me souviens également de quelques références à des roller-skates--j'en faisais beaucoup étant gamin et ado, et depuis de très nombreuses années, bien que n'en faisant plus, je continue à faire de nombreux rêves où je suis en roller. Encore un truc plutôt innatendu au beau milieu d'un cours d'informatique :-)

En cherchant rapidement quelques liens à ce sujet sur le net, je découvre que Breton lui-même décrit cet état de pré-sommeil comme propice à l'exercice. Toujours dans le même Manifeste du Surréalisme, Breton écrit :

“J’ai été amené à fixer mon attention sur des phrases plus ou moins partielles, qui, en pleine solitude, à l’approche du sommeil, deviennent perceptibles pour l’esprit sans qu’il soit possible de leur découvrir une détermination préalable.”

Le commentaire qui me vient à l'esprit, c'est qu'au moins en ce qui me concerne l'exercice est encore plus facile et plus automatique au réveil qu'à l'endormissement.

Quelqu'un souhaite tenter l'expérience ?