samedi 9 avril 2005

Les surréalistes enviaient surement les narcoleptiques

Image Hosted by ImageShack.us

Le sommeil, de Salvador Dali


Morceaux choisis (texte entier ici : http://www.cndp.fr/themadoc/poesie/tdc_grosplan.htm)

LES SOMMEILS

L'époque des sommeils succède aux expériences de l'écriture automatique. En 1922, « une épidémie de sommeils s'abattit sur les surréalistes. [...] Ils sont sept ou huit qui ne vivent plus que pour ces instants d'oubli où, les lumières éteintes, ils parlent sans conscience, comme des noyés en plein air » (Aragon, Une vague de rêves).
C'est Max Ernst qui, dès 1919, récupère à des fins picturales les visions de demi-sommeil qui l'obsèdent depuis l'enfance et qu'il utilisera dans ses collages. Ce demi-sommeil qui précède le sommeil profond permet de franchir la frontière « entre chien et loup », de passer du domestiqué au sauvage, du réel au surréel. Cet état est propice à l'apparition d'images ou de phrases apparemment sans queue ni tête, comparables à celles du songe mais encore imprégnées de conscience.
Pour aller plus loin, les surréalistes vont provoquer ces sommeils. L'idée en revient à René Crevel, chez qui une voyante avait distingué de hautes qualités médiumniques : il communiqua au groupe la technique pour s'endormir. Aussitôt, rue Fontaine chez Breton, commencent les premières expériences. Nul spiritisme ici : il s'agit seulement de transformer les corps des assistants en vases communicants (titre d'un ouvrage de Breton) afin que passe entre eux un courant porteur de messages, collectifs plus qu'individuels. Surgit alors une nouvelle dictée automatique, où dominent les thèmes violents : Crevel parle d'un crime passionnel, Desnos évoque la mort de ses amis. Au réveil, le sujet ne se souvient de rien mais Breton a pris soin de tout noter. Il reste ensuite à transmuer cette matière première à l'état brut par l'alchimie poétique.

LE RÊVE

Les surréalistes s'efforcent aussi de pénétrer les profondeurs du psychisme. Par sa méthode « paranoïaque-critique », Salvador Dali apporte une contribution essentielle au projet surréaliste d'abolir la frontière entre rêve et réalité. C'est dans l'état de demi-conscience qui précède l'endormissement, ou encore dans ses rêves éveillés, que Dali trouve les images hallucinatoires qui peuplent ses tableaux.
Le rêve, considéré par Freud comme « la voie royale pour accéder à l'inconscient », est un thème récurrent dans l'œuvre de Dali.